Innover pour la Mode…adapter les métiers à la « Fast Fashion »!

Je vous fais partager mon intervention à l’occasion de l’évènement Paris Fashion Shops le 8 novembre dernier sur le thème « innover pour la mode ».

Créée en 2016 par Jacky Z. Chang, Paris Fashion Shops est la 1ére plateforme B to B dédiée aux professionnels de la mode. Elle compte aujourd’hui 100 0000 références produits mises a disposition de 100 000 détaillants dont 60% à l’étranger. Lauréat de BFM Académie 2019, son président fondateur  avait rassemblé des experts du domaine et m’avait demandé d’intervenir sur la dimension innovation dont PFS a intégré les différents modes avec succès. En effet en quelques années Paris Fashion Shops a su se hisser parmi les start ups prometteuses et Le Figaro n’a pas hésité à la nommer l’« Amazon du B to B ».

La mode c’est le lieu de l’innovation par excellence. Incrémentale avec ses tendances et collections mais également de la disruption en bousculant les codes. L’innovation disruptive, chasse gardée du luxe, s’ouvre aujourd’hui au prêt-à-porter grâce aux possibilités nouvelles ouvertes par le Digital et l’Intelligence Artificielle. Le temps s’accélère et on assiste à l’avènement de la « Fast Fashion ».

Pour Innovation Blossom, l’innovation est une question de talents à faire éclore, d’intelligence à développer en complément de l’intelligence artificielle. Et donc la mode est un terrain d’application passionnant.

En effet, comme tous les secteurs, la mode doit s’adapter au monde qui change. Mais plus que tout autre secteur, étant par essence à la pointe des tendances,  elle est touchée de plein fouet par le digital avec les atouts et contraintes du « commerce unifié » et la vague « éco-friendly ».  Les métiers de la mode doivent  donc évoluer voire  muter.

Je vous fais partager ma vision des challenges pour les 3 métiers au travers des 3 I à développer …et surtout de nouveaux métiers à inventer.

L’ INSPIRATION à renouveler pour  les métiers de la création

Artistes dans l’âme les créateurs de Haute Couture et les stylistes font les tendances. Chaque créateur a innové en marquant l’époque de sa griffe: de Coco Chanel avec sa marinière mondialement copiée aux créatures inspirées des mangas d’ Olivier Rousteing pour rebooster Balmain. Chaque année, et 2 fois par an,  les professionnels ont à relever le défi des nouvelles collections. Il s’agit d’un exercice d’innovation « incrémentale » : améliorer ou changer un produit qui permettra de revendiquer la nouveauté, marquer la saison. Hors le risque d’épuisement de la profession, les recettes de l’incrémental fonctionnent bien : rallonger ou raccourcir cheville, genou, cuisse,  passer des imprimés jungle à l’uni, favoriser un accessoire phare…Peu coûteuses, ces innovations  sont porteuses de chiffre d’affaires par renouvellement de l’offre.

Mais c’est la « disruption », en mode comme dans les autres secteurs, qui est le graal de l’innovation. C’est jusqu’à présent le domaine des grands créateurs et du luxe. Citons Yves Saint- Laurent, roi de la disruption en bousculant les codes  établis, qui a su imposer par exemple le Smoking pour les femmes, le caban dans la rue, sortir l’imprimé léopard de la vulgarité.

Aujourd’hui, tous les codes ayant été revisités, c’est le  digital le nouveau champ d’inspiration : créer des vêtements intelligents, connectés au vestiaire ou à l’agenda, reflet calculé en IA de ma trace numérique tant en couleur que style et taille, leur permettre de changer de couleur en un clic… permettre au client de devenir son propre créateur ? de changer , de se changer de plus en vite et de plus en plus souvent.

Autant de compétences nouvelles pour le styliste qui viennent s’ajouter aux capacités d’imagination et de dessin. Il faut élargir le champ d’inspiration de ce métier de la mode créatif par excellence pour exploiter les opportunités créatives notamment du Digital et qui s’ouvre au prêt-à-porter avec la « Fast Fashion ».

L’ INTELLIGENCE TECHNIQUE à élargir pour les métiers de la production

La fabrication et la logistique sont aussi déterminantes en innovation que la création. Pour permettre, selon la définition de l’innovation en cours à Harvard,  « à l’idée de toucher le marché », les métiers de la production sont essentiels : les modélistes, les petites mains des stylistes, les contrôleurs qualité, tous les métiers techniques…

Mais eux-aussi vont devoir évoluer, à commencer par celui d’ingénieur technique ou R&D textile pour inventer les nouvelles matières respectueuses de l’environnement. Il s’agira d’innovation incrémentale par amélioration et substitution. Et un nouveau challenge se présente avec l’accélération du temps digital qui impose des temps de production encore plus courts tout en maintenant le niveau de qualité.

Le Digital encore, avec ses imprimantes 3D notamment, suppose une maîtrise technologique supplémentaire aux compétences textiles classiques. Et vraiment disruptive, la possibilité qui va être offerte aux clients, sans être des spécialistes techniques, de fabriquer eux-mêmes leurs modèles. Ce sera aussi la possibilité, en fabricant soi-même, de supprimer les délais de distribution donc de succomber à la Fast Fashion !La suprématie technique des fabricants est donc à redéfinir à l’ère du prêt-à-porter sur mesure ! 

L’INTELLIGENCE CLIENTS  à augmenter pour les métiers de la vente

Dans un environnement de concurrence mondiale, les métiers de la vente exigent un sens affuté de la mode. Les jeunes diplômés d’école de commerce sont recherchés pour les postes de « chef de produit marketing » pour développer les marques du luxe ou de prêt à porter. Le digital fait partie intégrante de la stratégie de communication voire de commercialisation avec le e-commerce. Les exigences du commerce unifié démultiplient les compétences des différents canaux à mixer. Les profils hybrides, mode, marketing et digital sont idéaux pour ces fonctions.

Coté Retail, le profil évolue également. Pour faire face  au e-commerce, à la performance de mise à disposition d’Amazon ou de plateforme spécialisées dans le textile, les retailers doivent repenser leur rôle et leurs espaces. Le digital a déjà bousculé le métier d’acheteur avec les comparatifs en quelques clicks. Les chefs de produit marketing et les retailers doivent intégrer ces nouvelles possibilités pour améliorer leur rentabilité et rester compétitif. Pour les 2, l’accélération des temps de création et mise à disposition est une réalité de la Fast Fashion à prendre en compte.

Mais l’élément de différenciation résidera dans la capacité à établir la relation. Pour le retailer il s’agit de donner envie au client de venir et revenir : en plus de la mise à disposition d’articles  sélectionnés , de créer une boutique chaleureuse et un accueil personnalisé qui devra faire mieux que l’algorithme des plateformes de vente. Pour le chef de produit marketing il convient d’utiliser les nouveaux modes d’innovation notamment la co-innovation en associant le client à ses réflexions.

En matière d’innovation client, tous les secteurs ont d’ores et déjà adopté le Design Thinking consistant à créer l’empathie avec le client pour identifier ses besoins profonds et co-créer avec lui le produit de ses rêves. A quand « le consomm’acteur » pour la mode ?

INTELLIGENCE DE LA COORDINATION pour devenir créateur, producteur, diffuseur, partenaire  sur plateforme 

Avec l’arrivée de plateformes, telle que notamment Paris Fashion Shops, commencent à émerger de nouveaux métiers, des fonctions multidisciplinaires associant création/marketing/ achat/ vente /digital/ organisation. Ces missions  ne peuvent être tenues que par des profils hybrides qui ont le sens du business mais également la culture technique pour gérer les services digitaux associés. Ces profils en intégrant les différentes composantes du métier peuvent permettre de gagner du temps sur les cycles de création production et logistique et remplir les attentes clients séduits par la Fast Fashion.

De plus pour réussir cette mission il faut être capable de fonctionner en transversalité complète en interne avec les différents métiers et en externe avec les partenaires et sous-traitants.

Parmi toutes les plateformes, celles du secteur de la mode peuvent jouer la différence avec l’attrait des produits et la nécessaire créativité pour étonner. Le professionnalisme accru pour aborder les marchés d’aujourd’hui touche aussi ce secteur qui sort de l’image parfois superficielle de créations éphémères pour entrer dans les usages quotidien rendus possibles par le digital

Lieu d’innovation par excellence la mode n’a pas fini de nous étonner pour notre plus grand plaisir !

Dernières conférences

L’empathie pour innover

Ma chronique Innovation parue dans le magazine RH&M d’octobre 2019

L’empathie pour innover

Parmi les softs skills reconnues comme indispensables pour innover figure l’empathie. A l’instar de Jeremy Rifkin qui l’érige en  «  remède à un monde en crise » avec sa  « civilisation de l’empathie », cette soft skill est prônée comme méthode centrale du « design thinking ». De son étymologie « em-pathos », on identifie qu’il s’agit de se mettre à la place de l’autre, pour partager son ressenti et donc pour innover, identifier ses besoins, exprimés ou cachés, et créer une solution qui apporte progrès. Il s’agit de faire fonctionner en même temps son cerveau gauche et droit, sa tête et son cœur ! Mais l’empathie n’est pas toujours naturelle… quand elle l’est ou pour la développer, je propose ces 4 règles:

1 Ecouter

L’écoute est la première des attitudes pour entrer en empathie avec l’autre ; pour pouvoir ressentir ce qu’il ressent. Il faut une écoute de qualité, une écoute « active » telle que décrite par Carl Rogers, qui donne à l’autre cette impression d’intérêt pour ce qu’il dit et cette intention de vouloir en savoir plus. La base de l’innovation est déjà de connaitre les besoins exprimés, pour trouver le bon produit ou l’amélioration qui fera une innovation incrémentale.

François Dalle le premier patron de L’Oréal passait beaucoup de temps dans les salons de coiffure au contact des coiffeurs et des clients pour détecter les nouveaux produits capillaires et orienter la Recherche vers des pistes scientifiques pour des innovations répondant à des besoins client. Il est décrit comme un précurseur en matière d’innovation avec une écoute empathique remarquable.

  • Exprimer et inciter à exprimer

Cette écoute active se traduit par l’expression d’émotions partagées. Au delà de l’analyse du cerveau gauche dans la phase d’écoute, il s’agit de mobiliser son cerveau droit pour écouter avec intuition et cœur et partir à la découverte des besoins cachés et d’usages nouveaux. En exprimant, en reformulant la démarche d’écoute empathique permet de dépasser les besoins conscients.

Des innovations révèlent parfois des besoins cachés ; on peut citer le post it, un système qui se décolle refusé à l’origine par 3M dont le cœur de métier est de créer des adhésifs robustes. Il aura fallu de la persévérance à son innovateur pour l’imposer chez 3M, qui aurait pu gagner du temps et de l’argent s’ils avaient joué l’empathie avec l’innovateur et le marché.

  • Questionner

Savoir questionner est tout un art. La question empathique commence par l’intention : curiosité pour le sujet affichée et intérêt pour la personne. Que ce soit sous forme de face à face, d’interviews ou en groupe pour susciter l’intelligence collective, la gestion de la question ouverte est clé.

Le questionnement permet à la fois d’alimenter la phase convergente du processus d’innovation, pour clarifier le problème ou trouver des solutions mais également la phase divergente pour animer un brainstorming ou une séance de visual design, méthodes au coeur du design thinking.

  • Pratiquer le silence

Cela peut paraître surprenant, d’autant plus à l’heure du bavardage incessant des réseaux sociaux, mais la part de silence octroyée à l’innovation peut s’avérer productive. Pendant la pause les esprits continuent de mûrir, l’écoute se fait plus intense permettant aux signaux faibles d’émerger.

Cette pratique du silence suppose d’accepter de ne pas être le sachant, ne pas critiquer une idée qu’on n’aurait pas soi-même, d‘emprunter un leadership de l’ouverture et de la bienveillance.

Le Design Thinking, pour innover et pour transformer aussi !

Le Design Thinking, cette méthode bien connue du monde de l’innovation s’applique parfaitement aux problématiques d’organisation et de fonctionnement. Transposée de l’innovation pour les produits et services sur des cas de transformation interne, le Design Thinking est d’une redoutable efficacité: en mettant l’utilisateur au cœur de la réflexion, les propositions sont orientées « usages » et correspondent aux attentes des futurs utilisateurs, garantie de réussite et d’agilité dans la mise en œuvre. Inspirée par IDEO cette méthode dont le son fondateur Tim Brown dit qu’ elle « peut transformer la manière de développer les produits, les services, les process et même la stratégie » s’articule en 5 étapes.

  1. « Empathize » « se mettre dans les chaussures de »

La caractéristique du Design Thinking est d’être orientée utilisateur. Il s’agit de comprendre les besoins de l’utilisateur, de se mettre à sa place pour identifier ses « irritants ». Appliquée à la transformation l’empathie permettra d’entrer dans les craintes mais aussi les espoirs des salariés et d’identifier les solutions qui vont émerger d’elles-mêmes.

“Le jour où une toute jeune entreprise, nommée Apple Computer, nous a demandé de l’aide à créer un ordinateur “pour tout le monde”, nous avons appris la valeur de l’empathie.Tim Brown (fondateur IDEO)

  1. « Define » « définir »

L’étape suivante consiste à clarifier les besoins par un questionnement adapté, quitter le traditionnel « comment le faire » et passer plutôt à « pourquoi le faire ». Il s’agit de re-questionner le problème de départ et de le reformuler de manière pertinente par rapport aux besoins parfois inconscients de la cible.

“Un problème bien posé est à demi résolu.” Albert Einstein

  1. « Ideate » « imaginer et concevoir »

Pour explorer et créer de nouvelles possibilités, il faut utiliser ce que l’on appelle “la pensée divergente”. La pensée divergente consiste à multiplier les options pour créer des choix, autrement dit, générer un maximum d’idées afin d’augmenter la possibilité de trouver la bonne solution.

Il existe de nombreuses méthodes de créativité dont le brainstorming. Chaque brainstorming peut avoir ses propres règles, mais il y a une règle qui devrait être universelle : celle de construire à partir des idées des autres, de ne pas juger les autres, d’encourager les idées les plus folles afin d’alimenter un réel discours créatif d’une grande richesse.

“Pour avoir une bonne idée, il faut d’abord en avoir de nombreuses.” Linus Pauling, (Prix Nobel)

  1. « Prototype » « prototyper »

Le prototypage est une étape clé du process du Design Thinking ; c’est la démonstration par la preuve.
Réaliser des prototypes, ébaucher, maquetter, modéliser ou construire accélère l’avancée du projet et permet d’explorer plusieurs idées en parallèle.
En matérialisant une idée par un objet, on peut très facilement l’évaluer, la perfectionner et se concentrer sur la solution la plus adaptée.

Dans le cas du service on imagine des mises en œuvre concrètes qui se traduisent par des programmes d’actions pour mise en œuvre immédiate.

« Le prototypage, c’est le fait de penser avec les mains. » David Kelley (co-fondateur Ideo)

  1. « Test » « tester »

Enfin, la dernière “étape” du processus est de tester.
Lancer le projet ou le prototype est l’opportunité d’apprendre en sollicitant des retours des utilisateurs et d’itérer sur le produit, service ou expérience conçue.

Le principe de valorisation de l’erreur est très puissant en termes de conception rapide de solutions pertinentes. Les commentaires et réactions des utilisateurs ou consommateurs fournissent des informations susceptibles d’ouvrir de nouveaux marchés insoupçonnés bien plus prometteurs et rentables.

Il en va de même avec la transformation interne, la mise en œuvre rapide par petits pas favorise l’agilité et l’engagement .

“Échouer tôt pour réussir plus vite.” Tim Brown

En conclusion utiliser le Design Thinking pour transformer l’entreprise favorise outre les changements concrets et immédiats de stratégie et de process, l’entrée dans une nouvelle culture de « transformation permanente », de mobilisation de l’ « intelligence collective » et d’« agilité » tout en s’assurant d’un engagement puisant des collaborateurs puisque acteurs des solutions.

Télécharger PDF : RH&M_REVUE_N74_42design thinking

2014-2019 : 5 ans de Chronique Innovation dans la Revue DRH&M, plaidoyer pour la dimension de relation et de ressources humaines de l’innovation

L’innovation, c’est aussi une affaire de relations et de ressources humaines!

5 ans de chronique « Innovation » RH&M 

A l’heure où un 2ème Boeing vient de s’écraser en moins de 6 mois et pour la même (incroyable !) raison annoncée «  suppression de la formation des pilotes aux nouveaux types de commande pour raison de coût» (Reuters), je publie un bilan de mes 5 ans de chroniques sur la dimension humaine de l’innovation, un plaidoyer sur la nécessité d’impliquer les RH dans l’innovation !

Ces Boeings étaient neufs et, semble-t il compte-tenu des contrôles récents, techniquement fonctionnels ! Les ingénieurs, chefs de projets et décideurs financiers ont juste omis que l’innovation est aussi humaine et que la performance comprend la formation des pilotes autant que les technologies ultra-sophistiquées embarquées !

Aux Directeurs innovation et aux DRH aussi de conquérir ce leadership pour gagner la guerre des soft skills dans l’innovation !

  1. La dimension humaine de l’innovation : culture et management de l’innovation

Depuis mon premier billet sorti en janvier 2014 « DRH osez l’innovation ! », je ne cesse d’inciter les DRH à développer leur culture innovation pour leur permettre de devenir les interlocuteurs « crédibles » des DG, directeurs innovation et autres professionnels de l’innovation . « La créativité », « les intelligences multiples », « les types psychologiques », la « gestion du conflit »… autant de billets sur les soft skills pour le rôle de facilitateur de l’innovation du DRH l’innovation!

  1. L’impact technologique : innovation et transformation Digitale

Le Digital et le monde VUCA qu’il accélère illustre parfaitement la révolution humaine que le DRH va avoir à mener ; dès mon 2ème billet « Quels talents pour l’innovation dans l’entreprise numérique ? » puis « quelle organisation pour le Digital? » traitent des sujets cruciaux auxquels le DRH doit savoir répondre. Je lance aussi des alertes sur certains métiers visés par l’innovation destructrice « L’IA et les chatbots vont ils tuer les formateurs ? ». Dans le même temps j’aime aussi apporter ces moments d’océan bleu quand le Digital va faciliter la mission RH: « Big data ? Vive les smart data pour le DRH » « comment l’IA et les Chatbots vont révolutionner le monde du recrutement ».

  1. Le nouveau leadership du DRH : « créer les connexions intelligentes »

De même que les innovateurs doivent savoir intégrer la communication pour vendre leur projet, les DRH doivent s’inspirer de la culture innovation pour valoriser leurs actions et notamment par le buzz des communautés et des réseaux et des connexions. «  Innovation et communication une affaire de connexions ». Cette connexion s’applique aux hommes et aux représentations culturelles de l’entreprise «  Culture innovation entre legacy et Digital le DRH garant du passé et de l’avenir ». En un mot « RH » pourrait évoluer de « Ressources » à « Relations Humaines » tel que décrit dans « Coopération oblige le DRH devient Directeur des Relations Humaines »

  1. Vers la création d’une fonction Innovation RH :

Enfin pour garantir ce nouveau leadership comme un « garde fous » aux dérives gestionnaires des RH qui comme l’innovation souffrent « 5 idées reçues les plus tenaces sur l’innovation », ma conviction est que dans un premier temps , comme cela a été le cas avec les directions internationales dans la période de transition vers un monde global où l’international est intégré, l’innovation devrait être une fonction à part entière « 5 bonnes raisons pour créer une fonction Innovation RH »

Soft Skills pour l’Innovation

Pourquoi développer ses « soft skills » est indispensable pour piloter l’innovation et la transformation?

L’innovation est souvent considérée comme essentiellement technique et les compétences reconnues pour innover seraient donc plutôt « hard » « dures ». Or aujourd’hui même si la disruption est technologique elle entraîne des modifications profondes d’usages et de comportements qui nécessitent une approche humaine, « soft » « douce », des compétences. Clayton Christensen dans son « Gène de l’Innovateur » a déterminé à partir de l’observation des innovateurs de la Silicon Valley les 4 compétences clés qui sont …des « soft skills » indispensables pour tout leader d’innovation et de transformation.

1. Le questionnement
Cette première compétence recouvre des capacités dans chacune de ses étapes : oser la remise en question, oser paraître être « non sachant » donc témoigner d’une certaine humilité, être capable d’écouter la réponse et enfin accepter une réponse qui ne correspond à celle qu’on attend !
Derrière ce comportement de l’innovateur se profile la capacité « d’ouverture » sur les autres, le différent, l’impensable. C’est aussi pratiquer le doute, le non jugement et l’exercer par des questions parfois dérangeantes mais toujours non agressives
C’est donc aussi une capacité d’écoute, active et bienveillante, d’empathie pour obtenir le plus d’idées, qui témoigne d’une ouverture d’esprit essentielle pour trouver ce qui n’existe pas encore et l’accepter quand l’idée vient des autres !

2. L’observation
Observer c’est regarder, donc utiliser ses yeux mais pour une observation optimale c’est utiliser ses 5 sens pour capter le maximum d’informations : écouter et interpréter le non verbal pour tester la conviction de l’innovateur, se concentrer sur les démonstrations pour mieux comprendre et laisser libre cours à son intuition.
C’est l’occasion d’utiliser à la fois son sens critique et son intuition , sa capacité d’empathie pour faire les connections entre les idées, les conclusions et trouver des solutions.
Observer oblige à rester silencieux, à accepter que le savoir soit extérieur à soi et que les autres aient pu trouver ce que vous n’avez pu trouver vous-même. Observer c’est donc exercer son leadership d’une manière qui peut paraître « passive », la posture basse du coach, indispensable pour laisser émerger l’innovation ou les solutions de transformation et se mettre en situation de le détecter

3. Le réseautage
Pour Christensen « innover c’est créer des connexions intelligentes », celle des idées par l’observation et le questionnement mais aussi celle des hommes.
L’intelligence émotionnelle joue donc son rôle dans la capacité à créer son réseau en allant vers les autres même ceux qu’on ne connaît pas et à entretenir ce réseau pour disposer de ressources compétentes au bon moment !
La cross-fertilisation des idées est optimisée par celle des rencontres et des échanges. Savoir gérer la transversalité, encourager la coopération par les échanges et le désilotage est une soft skill indispensable pour le leader d’aujourd’hui.

4. L’expérimentation
« Quick and dirty » est le mantra pour passer à l’action rapidement. Les essais-erreurs, les « pilotes » pour tester les hypothèses de solutions ou les concept nouveaux (POC= « proof concept ») sont plus efficaces dans le monde accéléré que les projets léchés qui auront pris trop de temps juste pour la mise au point .
Le nouveau leader d’innovation doit donc être capable d’accepter la « non-perfection » immédiate, de courir le risque de voir sa solution non retenue.
Dans le même temps il devra pouvoir tirer profit de ces expérimentations pour trouver de nouvelles solutions pour ce qui demande à être corrigé et pour renforcer sa vision avec ce qui fonctionne et donc motiver l’équipe projet … soft skill primordiale des projets d’innovation et transformation.

5 idées reçues les plus tenaces sur l’innovation.

« L’innovation et les innovateurs sont dangereux pour l’entreprise ! ». L’une des 5 idées reçues les plus tenaces sur l’innovation.

C’est une des idées reçues qu’il m’arrive encore d’entendre, lorsque j’anime des formations d’acculturation à l’innovation ou que je réalise des études de perception de l’innovation en entreprises.. Et ce n’est pas la seule idée reçue concernant l’innovation ! A un moment où l’innovation devient un « enjeu stratégique » pour toutes les entreprises, comme le rappelle Marc Giget (http://www.sylviebremond.com/2018/04/04/innovation-devenue-enjeu-strategique-monde-marc-giget/ ), les DRH sont obligés de revoir certains de leurs jugements et surtout de s’y mettre… pour eux et leurs équipes aussi ! Passage en revue des 5 idées reçues les plus tenaces sur l’innovation.

1. « L’innovation et les innovateurs sont dangereux pour l’entreprise »

Tout ce qui est différent est jugé dangereux. Et c’est vrai que les entreprises en cette période de crise a plutôt recruté des profils analytiques pour la gestion de la performance par la réduction des coûts. Innover implique tout le contraire: investir /dépenser de l’argent, prendre des risques/possibilité de perdre de l’argent, miser sur le moyen et long terme/résultats immédiatement visibles …

De ce fait les innovateurs sont également considérés comme dangereux : esprits dépensiers, risque tout, insouciants des résultats à présenter… à l’opposé des marques d’engagement attendues dans les référentiels culturels en ces temps de crise.

La parade ? relire Christensen notamment son « Dilemme de l’Innovateur » qui explique la nécessité de gérer les paradoxes, innovation court et moyen/long terme en même temps, et traduire « dépense » d’innovation plutôt comme « investissement » sur l’avenir , pas forcément lointain avec l’accélération due au Digital.

2. « L’innovation c’est technique »

Combien de fois l’innovation est-elle réduite à l’invention technique … et aux « grandes innovations ». Certes le digital amplifie la perception avec sa quête de « disruption » et l’ « Iphone » est devenu la référence absolue de « grande innovation ».

Mais l’innovation ce sont aussi de « petites innovations » celles qu’on appelle « incrémentales » parce que ce sont des améliorations de qualité ou d’usage. Et de ce point de vue la vague du développement durable et de la RSE devrait favoriser un nouveau type d’innovation, comportementale autant que technique : tri sélectif, retour au verre en attendant la sortie des plastiques bio-sourcés et recyclables (PLA), recours à l’imitation de la nature pour créer …

Enfin face aux défis des plateforme de service poussé par le Digital, l’innovation de services se développe et les profils d’innovateurs dépassent le cadre du chercheur solitaire dans son garage ou son laboratoire!

3. « L’innovation c’est l’affaire des chercheurs »

Corrélation de la précédente, l’innovation ne serait qu’une affaire de spécialistes. Certes il y a bien dans l’entreprise des « professionnels de l’innovation », ce qui d’un point de vue RH correspond à la finalité mission/salaire correspondant à la fonction innovation.

Mais aujourd’hui on sait qu’elle est partout dans l’entreprise : participative, collaborative… l’innovation est l’affaire de tous ! Les idées peuvent venir du « top » ou du « bottom » mais elles exécutées dans un processus qui implique tous les salariés.

L’innovation devient, en plus d’un métier pour quelques professionnels, une compétence à reconnaitre pour tous ! « L’innovation c’est ce qui fait la différence entre un leader et un suiveur » Steve Jobs

4. « L’innovation, c’est réservé aux gens créatifs »

La créativité est le lieu de nombreux doutes…  « je ne suis vraiment pas créatif…comment puis-je m’améliorer ? »

Première bonne nouvelle : grâce à un coaching spécifique, le miracle de la plasticité cérébrale marche : on peut faire évoluer son cerveau droit avec un entraînement régulier !

Deuxième bonne nouvelle : on peut participer à un projet d’innovation sans être purement créatif ! L’innovation a besoin de tous les talents : clarificateurs, idéateurs, développeurs et réalisateurs…chaque étape son talent particulier !(link http://www.sylviebremond.com/2018/01/08/creativite-tous-etats-3-etapes-vision-360-sujet/

5. « L’innovation, ce sont surtout les jeunes qui la font » 

Digital oblige, la tendance est de confier des programmes d’innovation et de transformation à des « jeunes ».

Or de nombreuses études et la plus récentes réalisées par le NBER( link http://www.nber.org/papers/w24489) constate que « les entrepreneurs qui réussissent sont d’âge moyen et non jeunes.  L’âge moyen du fondateur pour les nouvelles entreprises dont la croissance est la plus rapide est de 45,0 ans. Ces résultats rejettent fermement les hypothèses communes qui font de la jeunesse un trait essentiel des entrepreneurs performants. »

En conclusion, grâce à ces idées reçues, les DRH disposent d’un vrai terrain d’innovation RH : reconsidérer la grille des compétences, du leadership, de la collaboration et des âges à la lumière des projets d’innovation!

Les 9 types d'intelligence

Les « intelligences multiples » au service de « l’intelligence collective »

« Ce n’est pas la couleur de notre peau qui nous rend différents, c’est la couleur de nos pensées » c’est ce que développait  Steven Aitchinson dans son best seller sur le  développement personnel et ce que les neurosciences approfondissent aujourd’hui scientifiquement en creusant la trace de Howard Gardner le pionnier des « intelligences multiples ». Ainsi la diversité s’exprime bien au-delà de la couleur de peau, du genre ou de la classe sociale et l’intelligence au delà du QI classique, mais bien dans la « multiplicité des intelligences » que nous sommes en train de découvrir ! Et à l’heure de  l’intelligence collective les intelligences multiples méritent d’être connues. Décryptage.

Le Pionnier Howard Gardner et ses 9 intelligences

Dans les années 70 sont remis en question les 2 types d’intelligences reconnues : la logico-mathématique et la linguistique. Elles  sont d’ailleurs mises en opposition comme le sont le cerveau gauche et le cerveau droit et institutionnalisés au travers de filières, la scientifique et la littéraire. Howard Gardner, psychologue du développement, rendit public  en 1983 ses travaux sur les 9 types d’intelligence (**) et l’importance d’intelligences sous-estimées dans les systèmes d’évaluation telles que les intelligences, intra et inter-relationnelles qui correspondent aux « soft skills ».

Qui dit mieux ? Les 10 intelligences … L’intelligence « qui-suis-je ? » 

Aujourd’hui les ouvrages fleurissent sur le sujet, avec une surenchère des types et nombres d’intelligences. Je ne citerais que le plus récent en date au titre accrocheur « Vous êtes 10 fois plus intelligent que vous ne l’Imaginez » (***) qui décrypte la réussite de personnalités du monde des affaires et du show business.

Une 10 ème intelligence apparaît, celle de « l’intelligence qui-suis-je ?» qui englobe la connaissance de soi au travers de la connaissance de ses multiples intelligences ! le QI n’est plus qu’une infime part de la connaissance de soi, l’intelligence kinesthésique permettant l’émergence des champions sportif par exemple.

Les 9 types d'intelligence

L’intelligence émotionnelle 

Difficile de ne pas faire un focus sur l’intelligence émotionnelle propulsée sur le devant des intelligences et vulgarisée grâce  aux ouvrages de Daniel Goleman (****) ; prendre conscience et savoir gérer ses émotions sera une des clés du leadership et du savoir-être et mesurer son QE (Quotient Emotionnel ) devient un must.

L’intelligence collective a besoin de toutes les intelligences

L’intelligence n’est pas d’additionner des savoirs mais de savoir combiner ses différentes formes d’intelligences, en les identifiant et en les développant. Car elles se nourrissent les unes des autres : l’intelligence logique (les partitions sont un langage mathématique), celles du temps (avec le rythme, de la kinesthésie (placement des mains, des doigts, du souffle). Il en va de même avec les équipes, composées d’êtres multiplement intelligents et de permettre à toutes les formes d’intelligence de se rencontrer (constitution d’équipe, de s’exprimer (culture)et de se développer (coaching) …

(*) « Multiple intelligences » Howard Gardner

(**) « Vous êtes 10 fois plus intelligent que vous ne l’Imaginez » Christophe Bougois-Cotantini

(***) « Intelligence émotionnelle » tome1 et 2 Daniel Goleman

(****) « L’innovation, la manager et développer la créativité » Sylvie Brémond Mookherjee ; version papier et e-book disponibles sur www.carnetsdecom.com